Jeudi 10 juin à 20h30
The jazz singer (Le chanteur de jazz), d'Alan Crosland
USA. 1927. 90 minutes. Avec Al Jolson.
Film présenté par Réal La Rochelle, université de Montréal
Vendredi 11 juin à 20h30
Du nickelodéon au Vitaphone
Le pianiste Rick Altman a fait revivre l'époque du nickelodéon. Dans cette séance, c'est le musicien qui a pour fonction d'ajouter du son au film muet, avec son instrument et sa voix
Au cours de cette soirée, furent notamment montrées des espèces de plaques coloriées. Celles-ci illustrent une histoire qui est en quelque sorte racontée par la chanson que le pianiste entonne en même temps. Chanson dont le refrain doit être repris en choeur par le public.
Ce genre semble entretenir des rapports à la fois avec la chanson, bien sûr, le roman-photo, le mélodrame, pour ne citer que cela.
Il y avait certainement aussi un côté publicité : par exemple, l'un des scénarios mettait en avant le rôle du téléphone, comme s'il s'agissait d'inciter les gens à l'utiliser (une jeune fille téléphonait à son amoureux afin qu'il la rejoigne pendant l'absence des parents). Un autre paraissait vanter tel bateau, peut-être même telle compagnie. L'on dirait qu'il s'agissait de promouvoir les nouveaux moyens de communication, de les populariser, d'en assurer la diffusion.
De courtes bandes ont également été projetées, toujours avec accompagnement chanson/piano; entre autres,
Everybody works but father : dans une famille de Noirs, tout le monde met la main à la pâte pendant que le père passe son temps à se balancer sur sa chaise
Everybody works but mother : cette fois, c'est la mère qui fait travailler le mari et lui en impose
Samedi 12 juin : colloque en journée
Avec, notamment, des interventions sur l'orgue de cinéma en France, ou encore sur les ciné-déclamateurs russes dans les années 10
Samedi 12 juin à 20h30
films muets rares bruités et sonorisés en direct, comme jadis
L'on put voir :
* de courtes bandes muettes projetées selon la méthode des ciné-déclamateurs russes : cachés derrière l'écran, des acteurs disent les dialogues et un bruiteur fait entendre, par exemple, le bruit d'une porte qui claque. Le spectacle est donc sonore et parlant. Les films étaient :
- Un baiser chèrement payé, de A. Arbo, 1911 : une femme en veut à son mari parce qu'il ne gagne que 35 roubles par mois; ce soir-là, ils ont des invités; horrible malentendu : la femme prend pour un domestique le supérieur hiérarchique de son époux ...
- Boris Godounov, de A. Arbo, 1911 : d'après un passage de l'oeuvre célèbre du même nom; deux ecclésiastiques discutent de la retraite loin du monde, de l'Histoire de la Russie
- Une belle femme ou La baigneuse, de A. Arbo, 1912 : un étudiant observe une baigneuse nue avec des jumelles; un homme mûr veut en profiter aussi
Film dont ne reste que le début
Puis, fut projeté un film muet de Jean Durand, Onésime employé des postes, 1912 : Onésime, qui travaille à la Poste, donne une lettre à une dame dont il est épris. Le mari s'en aperçoit. Il débarque au bureau de poste pour régler son compte à Onésime. Les meubles s'effondrent, se fracassent ... en direct, une bruiteuse reproduisait les sons provoqués par toute cette casse. De plus, un monsieur actionnait une machine à bruits (appareil qui peut reproduire les bruits de vaisselle cassée, porte qui grince, locomotive qui démarre, sirène de pompiers, voiture qui roule etc)
Ensuite, ce furent des pièces et chansons de Georges Lordier.
Entre autres, Le père la Victoire, 1917, chanson "patriotique"; Quand Madelon, 1917, autre bande "patriotique", où il est question d'une serveuse d'auberge taquinée par des soldats. Le principe était toujours le même au cours de cette soirée : des acteurs chantaient en direct comme si ces chants émanaient des personnages du film
Après cela, ce furent des bandes de Georges Mendel, dont La Marseillaise, toujours chantée en direct par des acteurs placés derrière l'écran
Enfin, la soirée se terminait par des "Impressions cinégraphiques" de Germaine Dulac : le principe de ce genre était de projeter un film et, en synchronie, de passer un disque. Ce soir-là, certaines musiques étaient enregistrées sur cd, mais d'autres furent entendues dans les conditions d'époque, avec phonographes et 78 tours.
Ces "Impressions cinégraphiques", elles aussi, paraissent destinées en partie à promotionner les nouvelles inventions telles que, justement, le phonographe (ainsi que le disque ... et la marque Columbia). Ainsi, un intertitre dit que le phonographe favorise les idylles (on voit un garçon qui courtise une jeune fille en mettant un 78 tours)
Parmi ces "impressions cinégraphiques", Rêve sur le faubourg, avec une belle mélodie de Reynaldo Hahn, L'heure exquise.
Dimanche 13 juin en journée : colloque L'oral et l'écrit
Avec, entre autres, des interventions sur les bonimenteurs, ou encore sur la restauration du son au cinéma
Dimanche 13 juin à 20h30
films rares projetés en synchronisme avec un phonographe : films Baron, photo-scènes Gaumont, premières expériences de son optique etc
L'on put voir notamment :
un Cyrano de Bergerac, phono-cinéma-théâtre de Clément Maurice
Des phono-scènes de Léon Gaumont, qui paraissent tenir de l'expérimentation, de l'essai, en vue de mettre au point le cinéma parlant :
Coq dressé, 1902 : un coq est sur un perchoir devant l'écran et pousse régulièrement son cocorico
Fumeur d'opium, 1905 : dans une fumerie d'opium, un homme chante la perte de sa bien-aimée ("Non, tu n'es pas Ninon")
Les cris de Paris, 1907 : des représentants de différents petits métiers passent devant la caméra et poussent leur boniment (un rémouleur, un vendeur de légumes, un laveur de vitres etc)
Ce que c'est qu'un drapeau, 1909 : un chanteur vante le drapeau; chanson apparemment militariste
Scène ciné-phonographique de Pathé :
Communication téléphonique, 1904 : l'on voit un homme qui parle avec une opératrice téléphonique; il semble avoir du mal à obtenir la communication
Système allemand cinéphon :
Caruso chante un air de Rigoletto
Système danois Petersen-Poulsen :
présentation du système par un "baratineur" puis chanson d'amour interprétée par un artiste avec une sorte de guitare danoise
Système vitaphone, USA
Système movietone, USA
Enfin, l'on put voir un extrait d'un film français récemment restauré par les Archives du film : L'eau du Nil, 1928, de M. Vandal. Ce serait le premier film français sonore découvert à ce jour. Il semble que cela parle d'une amourette entre un monsieur et une femme qui se perd dans la vie mondaine. Par hasard, sur un paquebot, l'homme apprend qu'au Caire, la dame fréquente un individu sans savoir qu'il est louche et dangereux. Notre homme décide de rejoindre Le Caire pour sauver l'inconsciente
Enfin, Rêve sur le faubourg, impression cinégraphique de Germaine Dulac, fut de nouveau projeté, en clôture de séance
Lundi 14 juin à 20h30
Odna (Seule), de Kozintsev et Trauberg
URSS. 1931. 80 minutes.
Musique : Dimitri Chostakovitch
Séance présentée par Valérie Pozner, CNRS
Jeudi 17 juin à 20h30
Applause, de Rouben Mamoulian
USA. 1928. 85 minutes.
Séance présentée par Pierre Berthomieu, université Paris I
L'histoire d'une danseuse de music-hall, dont la fille voudrait fuir ce milieu
Vendredi 18 juin à 18h30
Documents filmés datant des débuts du sonore et mettant en scène des vedettes du classique, du jazz, de la variété
Séance présentée par Christian Labrande
Innovations sonores et avant-gardes cinématographiques
Vendredi 18 juin à 20h30 : soirée Honegger et le cinéma
Pacific 231, de Mikhail Tsekhanovski
URSS. 1931. 12 minutes.
Musique : Arthur Honegger
L'idée, de Berthold Bartosch
France. 1934. 28 minutes.
Musique : Arthur Honegger
Rapt, de Dimitri Kirsanoff
France. 102 minutes.
Musique : Arthur Honegger et Arthur Hoérée
Séance présentée par Philippe Langlois
Samedi 19 juin à 11 heures : symphonies visuelles
La marche des machines, d'Eugène Deslaw
France. 1928. 9 minutes.
Philips radio, de Joris Ivens
Hollande. 1931. 35 minutes.
Musique : Lou Lichtveld
Melodie der welt, de Walther Ruttmann
Allemagne. 1928. 50 minutes.
Musique : Wolfgang Zeller
Séance présentée par Patrick de Haas, université Paris I
Samedi 19 juin à 14h30 : le son dans le documentaire anglais des années 30
Song of Ceylon, de Basil Wright et Harry Watt
1934. 40 minutes.
Musique : Walter Leigh
Night mail, de Basil Wright et Harry Watt
1936. 20 minutes.
Musique : Benjamin Britten
Coal face, d'Alberto Cavalcanti
1936. 12 minutes.
Musique : Benjamin Britten
Séance présentée par Elisabeth de Cacqueray, université Toulouse Le Mirail
Samedi 19 juin à 16h30 : Hanns Eisler et le cinéma
Films dont Hanns Eisler a composé la musique
Opus III, de Walther Ruttmann
Allemagne. 1924. 4 minutes.
Nouvelle terre, de Joris Ivens
Hollande. 1933. 30 minutes.
Komsomol, de Joris Ivens
URSS. 1932. 50 minutes.
Séance présentée par Laurent Guido, université de Lausanne
Samedi 19 juin à 18h30 : pionniers de la synthèse optique
films de Rudolf Pfenninger, Norman Mac Laren, Oskar Fischinger, John et James Whitney, Yevgeny Cholpo, Konstantin Voinov
Séance présentée par Philippe Langlois, université Paris IV
La synthèse optique consiste à dessiner sur la pellicule ce qui, à la projection, sera la bande sonore. Il s'agit donc de sons synthétiques.
Samedi 19 juin à 20h30 : Dziga Vertov et l'invention sonore
Enthousiasme, ou la symphonie du Donbass
URSS. 1930. 68 minutes.
Séance présentée par Oksana Boulgakova, université de Stanford
Dimanche 20 juin à 11 heures : expériences sonores et films expérimentaux
Ballet mécanique, de Fernand Léger
France. 1924. 18 minutes.
Musique :George Antheil
Week-end, de Walther Ruttmann
Allemagne. 1930. 12 minutes.
Lot in Sodom, de Melville Webber et James Watson
USA. 1930. 25 minutes.
Magyar triangulum, de Sandor Laszlo
Hongrie. 1937. 20 minutes.
Musique : Franz Liszt et Sandor Laszlo
Chromophonie, de Charles Blanc-Gatti
Suisse. 1939. 10 minutes
Séance présentée par Yann Beauvais
Dimanche 20 juin à 14h30 : sonorisation de l'âge d'or
L'âge d'or, de Luis Bunuel
Espagne. 1930. 67 minutes.
Séance présentée par Suzanne Shigihara, musicologue
Dimanche 20 juin à 16 heures: table ronde
Le cinéma d'avant-garde : un laboratoire des techniques électro-acoustiques