Tout a commencé le soir du 10 octobre. Wim Wenders et son Ami américain donnaient le signal d’une série de meurtres perpétrés rituellement chaque vendredi à 20h30. Werner Herzog s’empressa de leur emboîter le pas avec son Cœur de verre. Alors, Woody Allen crut bon d’importer à Paris ses coups de feu primitivement tirés sur Broadway. Enfin, M le maudit et Caligari sont entrés dans cette danse infernale. Ce sont eux qui nous ont mis sur la piste : leurs spectres ne venaient-ils pas de la toute proche Fondation de l’Allemagne ? Ananda Scepka, résidente à la Fondation comme étudiante en philosophie, a confirmé nos soupçons. Car, malgré son regard clair et son visage angélique, elle est à l'origine de ce cycle terrifiant.
Quelle impulsion vous a poussée à hanter le quartier avec des créatures plus mystérieuses les unes que les autres ?
Il nous a semblé judicieux de concevoir un cycle autour du crime parce que le 7e art s’est beaucoup intéressé à ce thème, qu’il a traité sous des angles très divers. On le trouve dans la comédie style Woody Allen. Il est omniprésent durant toute la période expressionniste allemande. Il est chez Lang aussi bien que chez Hitchcock. En fait, il traverse toute l’histoire du cinéma. Des facettes aussi variées suffiraient à donner l’envie d’explorer une telle richesse. En même temps, elles possèdent une unité : le motif de la peur. Ce motif est inséparable de tous les films présentés, soit comme thème de l’œuvre, soit comme effet sur le spectateur. Une peur face à une chose - la criminalité – qui est à la fois en dehors du saisissable et en dehors de la loi. Nosferatu me paraît être une illustration remarquable de cela, car il est, par excellence, le criminel insaisissable.
Vous avez cité Hitchcock. Ainsi, vous ne projetez pas uniquement des films germaniques ?
Non, bien sûr. C'est vrai que la Fondation a pour vocation de faire découvrir au public français des œuvres allemandes, dans le cadre d'un
échange culturel franco-allemand. Mais, nous sommes un ciné-club, et, en tant que tel, nous ne demandons pas mieux que de montrer des films de qualité de toutes origines.
Ce qui implique que vous ne visez pas seulement les étudiants allemands ou, plus généralement, les germanophones ?
Evidemment. Car, si la Fondation de l’Allemagne/Maison-Heinrich-Heine est partie intégrante de la Cité universitaire, dont elle est l’une des résidences étudiantes ; et si c’est dans ce cadre que nous avons monté un ciné-club, avec nos modestes moyens, cette activité s'intègre dans un programme culturel plus vaste mis en œuvre par la Fondation. Aussi les séances du ciné-club s’adressent-elles à tous ceux qui souhaitent venir, que ce soit l’étudiant séjournant ou non dans la Cité-U, le cinéphile parisien ou encore le touriste de passage.
Par quoi se traduit la modestie de vos moyens ?
Par exemple, par le fait que nous disposons de copies 16 mm, et non pas
35 mm, ce qui serait hors de prix. Le 16 mm est déjà assez coûteux : il
y a surtout les frais de location et de transport de la pellicule, tout cela non couvert par les 3 euros que versent les spectateurs, trois euros qui sont juste une contribution puisque nous ne pouvons exercer d’activité commerciale.
Autre exemple : les 120 sièges de notre salle sont des chaises, rembourrées, certes, mais pas des fauteuils.
Il faut espérer qu’il existe encore des gens pour qui le plaisir d’une
« toile » ne se ramène pas au moelleux du simili-cuir. Du reste, tel lieu reconnu pour le dynamisme de sa programmation cinéma, offre aussi de simples chaises, et sa salle est bien plus petite que la vôtre : je pense à l’Institut finlandais, au quartier latin.
Le 16 mm couvre-t-il un large éventail de films ?
Le 16 mm est affecté à des activités comme la nôtre, activité de ciné-club, encore une fois, et non commerciale. Or, il y a de moins en moins de ciné-clubs et de moins en moins de 16 mm. D’autant qu’on ne tire plus les nouveaux films dans ce format. Résultat : le nombre de bandes en 16 mm stagne ou diminue. Pour certaines œuvres, les copies 16 mm existent, mais les droits ne sont plus renouvelés, si bien qu’on ne peut plus les projeter. Ce sont des contraintes dont dépend en partie la sélection des œuvres présentées.
Quelle impulsion vous a poussée à hanter le quartier avec des créatures plus mystérieuses les unes que les autres ?
Il nous a semblé judicieux de concevoir un cycle autour du crime parce que le 7e art s’est beaucoup intéressé à ce thème, qu’il a traité sous des angles très divers. On le trouve dans la comédie style Woody Allen. Il est omniprésent durant toute la période expressionniste allemande. Il est chez Lang aussi bien que chez Hitchcock. En fait, il traverse toute l’histoire du cinéma. Des facettes aussi variées suffiraient à donner l’envie d’explorer une telle richesse. En même temps, elles possèdent une unité : le motif de la peur. Ce motif est inséparable de tous les films présentés, soit comme thème de l’œuvre, soit comme effet sur le spectateur. Une peur face à une chose - la criminalité – qui est à la fois en dehors du saisissable et en dehors de la loi. Nosferatu me paraît être une illustration remarquable de cela, car il est, par excellence, le criminel insaisissable.
Vous avez cité Hitchcock. Ainsi, vous ne projetez pas uniquement des films germaniques ?
Non, bien sûr. C'est vrai que la Fondation a pour vocation de faire découvrir au public français des œuvres allemandes, dans le cadre d'un
échange culturel franco-allemand. Mais, nous sommes un ciné-club, et, en tant que tel, nous ne demandons pas mieux que de montrer des films de qualité de toutes origines.
Ce qui implique que vous ne visez pas seulement les étudiants allemands ou, plus généralement, les germanophones ?
Evidemment. Car, si la Fondation de l’Allemagne/Maison-Heinrich-Heine est partie intégrante de la Cité universitaire, dont elle est l’une des résidences étudiantes ; et si c’est dans ce cadre que nous avons monté un ciné-club, avec nos modestes moyens, cette activité s'intègre dans un programme culturel plus vaste mis en œuvre par la Fondation. Aussi les séances du ciné-club s’adressent-elles à tous ceux qui souhaitent venir, que ce soit l’étudiant séjournant ou non dans la Cité-U, le cinéphile parisien ou encore le touriste de passage.
Par quoi se traduit la modestie de vos moyens ?
Par exemple, par le fait que nous disposons de copies 16 mm, et non pas
35 mm, ce qui serait hors de prix. Le 16 mm est déjà assez coûteux : il
y a surtout les frais de location et de transport de la pellicule, tout cela non couvert par les 3 euros que versent les spectateurs, trois euros qui sont juste une contribution puisque nous ne pouvons exercer d’activité commerciale.
Autre exemple : les 120 sièges de notre salle sont des chaises, rembourrées, certes, mais pas des fauteuils.
Il faut espérer qu’il existe encore des gens pour qui le plaisir d’une
« toile » ne se ramène pas au moelleux du simili-cuir. Du reste, tel lieu reconnu pour le dynamisme de sa programmation cinéma, offre aussi de simples chaises, et sa salle est bien plus petite que la vôtre : je pense à l’Institut finlandais, au quartier latin.
Le 16 mm couvre-t-il un large éventail de films ?
Le 16 mm est affecté à des activités comme la nôtre, activité de ciné-club, encore une fois, et non commerciale. Or, il y a de moins en moins de ciné-clubs et de moins en moins de 16 mm. D’autant qu’on ne tire plus les nouveaux films dans ce format. Résultat : le nombre de bandes en 16 mm stagne ou diminue. Pour certaines œuvres, les copies 16 mm existent, mais les droits ne sont plus renouvelés, si bien qu’on ne peut plus les projeter. Ce sont des contraintes dont dépend en partie la sélection des œuvres présentées.
Il est d'autant plus méritoire d’avoir retenu Le golem, de Paul Wegener, que l’on a rarement l’occasion de voir. A ce propos, les films muets sont-ils accompagnés au piano ?
Ce trimestre, aucun ciné-concert n’a été monté. Mais, dans le passé, nous avons proposé, au moins une fois par trimestre, un film muet avec accompagnement piano, ou piano et violon, ou encore piano et violoncelle ; parfois même, avec accompagnement orchestral.
Il n’y a pas de présentation du film par un intervenant ou de débat à l’issue de la projection. Dans le cadre du ciné-club du vendredi soir, tout du moins. Car la Fondation organise d’autres événements : ainsi par exemple, l'année dernière, nous avons eu plusieurs interventions lors d'une rétrospective Fassbinder, qui a duré tout un week-end. De même, en janvier 2002, pendant une semaine, nous avons passé des productions de la DEFA (compagnie de l’ex-RDA) en présence de réalisateurs.
Ce trimestre, aucun ciné-concert n’a été monté. Mais, dans le passé, nous avons proposé, au moins une fois par trimestre, un film muet avec accompagnement piano, ou piano et violon, ou encore piano et violoncelle ; parfois même, avec accompagnement orchestral.
Il n’y a pas de présentation du film par un intervenant ou de débat à l’issue de la projection. Dans le cadre du ciné-club du vendredi soir, tout du moins. Car la Fondation organise d’autres événements : ainsi par exemple, l'année dernière, nous avons eu plusieurs interventions lors d'une rétrospective Fassbinder, qui a duré tout un week-end. De même, en janvier 2002, pendant une semaine, nous avons passé des productions de la DEFA (compagnie de l’ex-RDA) en présence de réalisateurs.
Avez-vous d’autres cycles en chantier pour l’avenir ?
Nous sommes en train de réfléchir à une programmation qui serait centrée sur le voyage, et les migrations avec les espoirs et les désillusions qu’elles peuvent entraîner. Ce choix est en relation avec l’élargissement de la Communauté européenne. Cela s’étalerait de janvier à Pâques. Les films seront probablement plus récents et moins connus que ceux de la session « crime, nuit, mystères ».
Nous sommes en train de réfléchir à une programmation qui serait centrée sur le voyage, et les migrations avec les espoirs et les désillusions qu’elles peuvent entraîner. Ce choix est en relation avec l’élargissement de la Communauté européenne. Cela s’étalerait de janvier à Pâques. Les films seront probablement plus récents et moins connus que ceux de la session « crime, nuit, mystères ».
« Crime, nuit, mystères », le vendredi à 20h30, Fondation de l’Allemagne/Maison-Heinrich-Heine, Cité universitaire, 27-57 boulevard Jourdan, 75014 Paris (la Maison Heinrich Heine est très facile à trouver). Métro Porte d’Orléans (10’ de trajet depuis Saint-Michel), ou RER B.
Avant la séance, on pourra flâner au Parc Montsouris, mais aussi dans la Cité-U, où l’architecture des bâtiments vaut le coup d’œil.
Pour les autres activités de la Fondation (théâtre, conférences, ...), cliquez ici
Les prochaines séances se répartissent comme suit :
vendredi 21 novembre :
L'argent, de Robert Bresson. 1982. France. 85 mn.
vendredi 28 novembre :
Nosferatu, de Murnau. 1922. Allemagne. 65 mn. noir et blanc muet avec intertitres français. Film de vampire que l'on ne présente plus.
Avant la séance, on pourra flâner au Parc Montsouris, mais aussi dans la Cité-U, où l’architecture des bâtiments vaut le coup d’œil.
Pour les autres activités de la Fondation (théâtre, conférences, ...), cliquez ici
Les prochaines séances se répartissent comme suit :
vendredi 21 novembre :
L'argent, de Robert Bresson. 1982. France. 85 mn.
vendredi 28 novembre :
Nosferatu, de Murnau. 1922. Allemagne. 65 mn. noir et blanc muet avec intertitres français. Film de vampire que l'on ne présente plus.
vendredi 5 décembre :
Correspondant 17, d'Alfred Hitchcock. 1940. USA. 120 mn. Vo en anglais.
On y verra l'une des scènes les moins connues du maître alors qu'elle est sans doute l'une des plus fortes : lorsque le vieux diplomate, maltraité par les espions qui veulent lui soutirer des renseignements, lumière braquée sur son visage, exprime des vérités qui dépassent de loin le propos immédiat du film.
vendredi 12 décembre :
Le golem, de Paul Wegener. 1920. Allemagne. 72 mn. noir et blanc muet avec intertitres français.
En sommeil, une créature d'argile est réveillée et sème la panique.
Correspondant 17, d'Alfred Hitchcock. 1940. USA. 120 mn. Vo en anglais.
On y verra l'une des scènes les moins connues du maître alors qu'elle est sans doute l'une des plus fortes : lorsque le vieux diplomate, maltraité par les espions qui veulent lui soutirer des renseignements, lumière braquée sur son visage, exprime des vérités qui dépassent de loin le propos immédiat du film.
vendredi 12 décembre :
Le golem, de Paul Wegener. 1920. Allemagne. 72 mn. noir et blanc muet avec intertitres français.
En sommeil, une créature d'argile est réveillée et sème la panique.